« Un métaphysicien inspiré par la photologie (…) rédige en ce moment un fort volume intitulé « La grotte comme volonté et comme représentation », où il signale que la caverne- monde est un lieu qui s’habite plutôt qu’il ne se contemple, une demeure qui recèle des entrailles invisibles dont la danse visible qui se voit sur l’écran n’est peut-être que l’efflorescence. Notons que le métaphysicien est parvenu à sa conclusion novatrice sans jamais avoir eu accès à ce qui se déroule de l’autre côté de l’écran dépoli, ou à l’arrière de la caverne, contrairement aux personnages de l’allégorie de Platon. On pourrait ne supposer aucun revers d’écran, aucun arrière- monde. On pourrait en particulier éviter de s’identifier à un démiurge occupant quelque position de survol réputée le rendre plus clairvoyant que les habitants de la caverne. Et cela n’aurait pas d’importance, car, mieux que l’arrière- monde et ses survols, il y a l’ici-monde et son vécu qui tracent une voie de transcendance plus vertigineuse que toute entreprise spéculative. C’est ce qu’on pourrait appeler la transcendance intime, qui excède la surface de la représentation et ses contours visibles par la richesse latente de son déploiement là plutôt que par un élan vers des trésors là-bas. » Michel Bitbol
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Des écrans au réel : Une ontologie holographique de l’interdépendance
« L’obstacle à surmonter est l’habitude invétérée d’adopter un point de vue extérieur au monde, alors qu’en tant qu’habitants de celui-ci, nous pouvons seulement nous inscrire en lui et élaborer le projet d’en coordonner les vues intérieures possibles; que l’espace lui-même, cette forme de l’acte de discrimination, émerge du réseau d’interdépendance relationnelle d’occurrences pré-spatiales ou a-spatiales. (…) Une unification des différentes propositions pour une gravitation quantique (depuis la théorie des supercordes jusqu’à la géométrie non-commutative) se laisse entrevoir. Ce principe authentiquement neuf s’appelle le Principe Holographique. Il “ (…) énonce que nous avons tort de penser que le monde consiste en Choses qui occupent des régions de l’espace. Au lieu de cela, tout ce qui existe sont des Ecrans sur lesquels un monde est représenté. (…) Dans un tel monde, rien n’existe si ce n’est des processus par lesquels l’information est transportée (….) ”. Purs écrans ou surfaces d’apparaître: pas de transcendance. Multiplicité interconnectée de modes (superficiels) de donation de l’information: relativité. Critique de la chose, de l’intrinsèque, de la permanence: tout s’écoule, hormis le projet même de la saisie. » Michel Bitbol
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